Dans la presse : « Sexisme au collège, sortir du silence »

Les jeunes du collectif devant le présentoir dédié à l’égalité entre filles et garçons

Au collège Laennec, un collectif de collégiens veut rendre visible le sexisme ordinaire et agit pour une culture du respect.

Au collège Laennec, un groupe d’égaux-délégués se réunit régulièrement depuis le début d’année. « La priorité de ce collectif est de rendre visible les inégalités entre filles et garçons au collège et cherche à inscrire une culture de l’égalité dans l’établissement. Des actions de sensibilisation ont été proposées l’année dernière et les élèves ont des projets pour poursuivre leur engagement cette année », détaille Julie de Brabander, conseillère principale d’éducation et animatrice du collectif aux côtés de Marie-Laure Ardois, infirmière au collège, et Véronique Meunier, professeure d’arts plastiques.

C’est un lieu commun de dire que les jeunes filles sont victimes de nombreuses formes de violences sexistes dans les établissements scolaires, et souvent dans un mutisme assourdissant. Propos injurieux sur leur tenue, leur apparence physique, leurs aptitudes sportives quand ce ne sont pas des gestes déplacés ou des mimiques grivoises, les collégiennes reconnaissent finir presque par s’habituer à ces situations. « Même à nos parents on n’en parle pas tellement ça semble ancré dans les comportements », explique Alice, élève de 3e. Une fille s’habille avec un pantalon serré, c’est une fille facile… Avec un pantalon plus large ? C’est une fille qui ne prend pas soin d’elle, un laideron. De toute façon, les remarques fusent !

Organiser des débats

Le collectif créé veut prendre le problème à bras-le-corps. « Les propos entendus sont certes stupides, mais les garçons, ce sont aussi nos copains, souvent ils ne se rendent pas compte de la portée de ce qu’ils disent. Leur réponse, c’est souvent de dire, je voulais rigoler ! » expliquent Arzhela et Paola.

Le collectif a créé une urne où sont consignées les pépites sexistes entendues ou vues au collège. Et la boîte malheureusement ne cesse de se remplir. Les jeunes filles, qui espèrent voir de nombreux garçons devenir eux aussi égaux-délégués, ont de multiples projets tels qu’organiser des débats, notamment sur le consentement, alimenter un présentoir avec ouvrages, documents et témoignages sur l’égalité au CDI, faire des affiches sur les missions du collectif, intervenir dans les classes.

« Notre but, c’est de rendre visible les situations d’inégalités et d’agir pour une culture du respect. Il s’agit d’apprendre à être attentif à l’autre, exprimer ce qui ne nous convient pas et évaluer les comportements sexistes », insistent Camille, Chloé, Lucie et Loïza.

Ouest France -Yves Ducret - 19 novembre 2022

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