Dans la presse :« Surf. Louka dans le sillage de papa »

Il a à peine 13 ans et va se frotter aux meilleurs Européens de la discipline, cette semaine, à la Torche. Le Bigouden Louka Tirilly sera le plus jeune surfeur en lice lors de la prestigieuse Pro Junior*. Un joli clin d’œil à son père, Didier, qui, il y a vingt-cinq ans, créait la première école de surf de Bretagne.

Dimanche dernier, 12 h 30, à Pors Carn. « Je ne peux pas parler là. Louka est à l’eau. Il faut que j’aille voir le tableau de marque ». Didier Tirilly est tendu. Son fils participe au championnat départemental espoir. Les conditions sont difficiles. Dans les grosses vagues hachées, le jeune licencié de l’ESB a des difficultés à exprimer toutes ses qualités. Ça passe quand même. Louka accède à la phase finale et termine deuxième dans la catégorie minimes. Un très bon résultat.

À presque 13 ans, le Bigouden est un habitué des podiums. En 2017 et 2018, il a été sacré meilleur surfeur breton catégorie benjamin. C’est l’un des meilleurs espoirs de la région. Avec ses potes, comme Gabriel Abiven, ils forment une équipe soudée. Ce qui l’aime dans la glisse ? « L’adrénaline, surfer avec les copains et la compétition  », explique celui qui est scolarisé en section sportive au collège Laennec, à Pont-l’Abbé.

« C’est un super gamin qui positive tout le temps »

« C’est un super gamin qui positive tout le temps, confie Maël L’Helgoualc’h, son entraîneur. Il a une belle glisse, c’est le plus important. Et il a un atout que d’autres n’ont pas : il a pratiqué d’autres sports comme le foot et la natation. C’est un plus pour la coordination des mouvements  ». Cette semaine (du 1er au 5 mai), Louka sera le plus jeune surfeur à participer à la Pro Junior. Il jouera à domicile. Pour la seconde fois consécutive, le spot de la Torche accueille cette compétition majeure pilotée la WLS (World surf League).

Cent cinquante sportifs parmi les meilleurs Européens vont se défier sur l’eau pendant cinq jours. Des stars, comme le Landais Justin Becret, et des futurs grands champions. Pas de quoi intimider Louka. « Ça va lui faire une belle expérience  », soutient son père Didier, originaire de Primelin. Il a initié son fils dès l’âge de 3 ans. « Il m’a tellement regardé surfer qu’il me connaît par cœur. Comme ça, il peut corriger mes défauts  », sourit Louka.

« Le drapeau breton veut dire quelque chose »

Il n’est jamais trop tôt pour se mettre à l’eau. Une évidence pour Didier qui a dompté ses premières vagues à Saint-Tugen, du côté du Cap Sizun. C’était au début des années 80. Avec les riders du coin, il monte le premier club de la région : le Kornog surf club. Il rencontre ensuite Ronan Chatain avec qui, en 1994, il va créer l’ESB, la première école de surf de Bretagne. Diplômés d’État en main, les complices seront les tout premiers moniteurs de surf. Ils organisent les premières compétitions à dimension européenne et lance le Pole espoir qui, depuis 2001, forme les jeunes au plus haut niveau.

Le surf s’est depuis largement démocratisé. « Il s’est vraiment popularisé à partir des années 2010 », explique Didier Tirilly, 49 ans. Les écoles ont poussé comme des champignons. À leur tête, des enseignants et chefs d’entreprise qui ont, pour la grande majorité, fait leurs armes à l’ESB. « Nous avons réussi à transmettre notre passion », explique le pionnier, aujourd’hui vice-président de la Ligue de Bretagne de surf. Se définissant comme « mi-Capiste, mi-Bigouden », Didier Tirilly revendique ses racines bretonnes. « Lorsque l’on se déplace dans le Sud Ouest par exemple, le drapeau breton veut dire quelque chose. Il y a une certaine fierté. Nous sommes moins complexés qu’avant. C’est lié aux bons résultats que l’on obtient depuis quelques années  ».

Il peut être rassuré, la relève est assurée.

* Baptisée E.Leclerc Pont l’Abbé Junior Pro La Torche.

© Le Télégramme 30 avril 2019